25 avril 2006

Le Plan B est arrivé : critiquons la critique

Le Plan B est arrivé !
Pas celui que nous avait promis les partisans du non lors du référendum sur la constitution européenne - même si bien entendu il s’agit d’un clin d’œil – mais le journal critique de médias et enquêtes sociales dont nous parlions dans un précédent article. Il va sans dire qu’en ces temps abrutissants de « campagne » présidentielle, déjà bien gratinés question intox, la critique des médias est pour le moins un exercice salubre.…Gageons donc que le Plan B va éclairer nos lanternes et nous aider à aiguiser notre sens critique. Particularité intéressante: les articles de ce bimestriel, issus d’un travail collectif ne sont pas signés. Voilà qui fait tache dans notre époque d’égos surdimensionnés !
Le Plan B mérite d’être connu, lu, acheté, partagé, c’est vraiment le genre d’initiative à soutenir.... MAIS...disons-le franchement l’ article faisant la une et intitulé « La question sociale ensevelie sous le bla-bla » nous a déçu, la réflexion sur la question coloniale suscitée par la fameuse loi sur le « rôle positif de la colonisation » semble y être assimilée a du bla-bla et parmi les blablateurs l’historien Pascal Blanchard est cité… voilà qui nous fait particulièrement mal ! Connaissant la qualité et la subtilité des travaux de Pascal Blanchard (voir notamment La fracture coloniale et Les zoos humains aux éditions La Découverte) on ne peut qu’être en désaccord avec un tel amalgame et se dire que le Plan B a manqué de discernement.
Nous pensons que la question coloniale est très importante, d’une actualité brûlante, et qu’elle doit-être traitée en profondeur. Nous avons la conviction que notre pays doit faire son examen de conscience et reconnaître officiellement ses crimes, qu’il faut « crever l’abcès ». Nous estimons que le racisme ambiant qu’alimentent des hommes politiques peu scrupuleux comme Sarkozy, De Villiers et Le Pen pour ne citer qu’eux (mais Jospin y était aussi allé de la sienne avec ses « excuses sociologiques », ne l’oublions pas) puise, entre autre, son origine dans cette période noire de l’histoire de France et qu’il faut en sortir. Ceci passe par le débat, ce n’est pas du blabla. Certes, comme le dit le Plan B, pendant ce temps là le gouvernement préparait la démolition du code du travail avec le CNE et le CPE, France Télécom supprimait 17000 postes malgré un bénéfice net de 5,7 milliards d’euros…Mais est-il impossible de traiter de ces questions ET celles liées au colonialisme ? Cet article lapidaire nous fait penser à la réaction de nos contemporains de l’époque quand, adolescents, traversant une période hyper-écolo on nous rétorquait sans cesse « vous voulez sauver les bébés phoques alors qu’il y a des enfants qui crèvent de faim ! » Etait-il vraiment impossible de défendre les bébés phoques ET de lutter contre la faim ?
Sans doute avons-nous mal compris l’article du Plan B.
Plan B pensez-vous que le colonialisme est un non-sujet ou pensez-vous qu’il a trop été traité durant cette période ??? Plan B, nous vous supplions : ne laissez pas en nous cette impression si désagréable !

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